J’y suis allée trois fois cet été pour explorer les lieux. J’ai aussi entendu parler d’un fait divers jamais élucidé lors des Stangaspelen : une mère de famille violée dans un camping. Cela m’a inspirée, mais je m’écarte toujours des faits réels et je laisse l’histoire mûrir lentement.
Dirais-tu que l’intrigue guide les lieux, ou l’inverse ?
C’est toujours l’histoire qui guide. Les lieux viennent avec elle. Je suis comme une éponge : j’absorbe l’inspiration de partout. Cela peut venir des paysages de Gotland, mais aussi d’événements de ma vie ou de celle des autres.
C’est toujours l’histoire qui guide. Les lieux viennent avec elle. Je suis comme une éponge : j’absorbe l’inspiration de partout. Cela peut venir des paysages de Gotland, mais aussi d’événements de ma vie ou de celle des autres.
Comment prépares-tu tes romans ?
Je rédige un scénario assez détaillé, d’environ cinquante pages. Je me concentre complètement sur le roman en cours. Ce n’est qu’une fois le livre terminé que je deviens réceptive à une nouvelle idée.
Pourquoi avoir choisi Gotland comme décor de tes intrigues ?
C’est lié à un souvenir d’enfance. J’avais neuf ans. Ma mère, seule et sans beaucoup de moyens, nous avait envoyées, mes sœurs et moi, en colonie sur l’île. Nous sommes arrivées de nuit près de Fröjel. Le matin, on a couru jusqu’à la plage de Sandhamn. Je n’avais jamais vu la mer. J’ai été émerveillée. Ce souvenir est resté profondément ancré en moi. C’est sur cette plage que se déroule le premier meurtre de mon premier roman. Gotland est un endroit idéal pour écrire — et pour commettre des crimes de fiction !
Qu’est-ce qui fait de Gotland un lieu si propice au polar ?
Gotland, c’est presque un huis clos naturel. C’est une île, les gens se connaissent, les relations sont profondes. Et puis il y a le paysage : les plages désertes hors saison, les falaises du nord, les brumes grises, les raukar… Même l’histoire de l’île invite à la recherche, à l’exploration. On ne pourrait rêver mieux.
Comment as-tu inventé ton commissaire Knutas et tes personnages principaux ?
J’avais commencé à écrire, sans en parler à personne. J’ai ressenti le besoin de rendre les scènes crédibles, alors j’ai contacté le chef de la police criminelle de Visby, Gösta Svensson. Il m’a reçue dans son jardin. Il est devenu le modèle du commissaire Knutas. Même prestance, même gentillesse. Aujourd’hui, il signe ses mails « Knutas » — c’est touchant. Je voulais un policier sympathique, humain, auquel les lecteurs puissent s’identifier. Pas un héros cassé, mais un homme normal. Knutas est né ainsi. Puis j’ai créé Johan Berg, journaliste — une partie de moi, mais en version masculine. Et Karin, une femme avec un passé sombre, pour ajouter de la complexité.
Tu dis que tes personnages font partie de ta vie ?
Oui, vraiment. Quand je marche dans Visby, j’ai l’impression que je vais croiser Knutas au détour d’une rue. Quand je passe devant l’appartement de Karin, je l’imagine à sa fenêtre.
C’est ça qui rend l’écriture passionnante : je m’investis dans leurs dilemmes. Je ne sais même pas toujours ce qu’il va leur arriver. Il faut être un peu fou pour être auteur.